Entre financement de la transition énergétique, besoin de réindustrialisation et volonté de souveraineté dans les secteurs stratégiques, les besoins d’investissements s’accumulent et sont colossaux.
Or, il n’existe qu’une solution pour financer tous ces besoins tout en respectant le pacte de stabilité en cours de négociation, ceci sans augmenter les impôts.
Et cette solution est entre les mains de la BCE.
Rigueur et cible d’inflation à 2% pour quels résultats ?
La stratégie de la rigueur, politique économique qui vise à réduire les déficits publics et à maîtriser l’inflation en limitant la croissance des dépenses publiques et en augmentant les impôts date du début des années 80.
En termes de politique monétaire, cette stratégie a comme corolaire une cible d’inflation de 2%. Niveau qui n’a en réalité pas de fondement académique.
Or, après plus de quarante ans d’application, quels sont les résultats de cette politique ?
Le bilan est au strict opposé de l’objectif initial. En l’occurrence, un taux d’endettement passé en France de 20% en 1980 à 111% du PIB aujourd’hui. En progression régulière sur la période.
Un déficit budgétaire qui, en tendance moyenne, n’a fait que plonger sur la période.
Enfin, la part des revenus des ménages dans la répartition de la valeur ajoutée qui a chuté pendant la phase de désinflation au début des années 80, est restée à un point bas depuis.
La conclusion est qu’une inflation basse n’est pas une protection pour le niveau de vie des ménages. Les mêmes données analysées sur la période 1945-1980 démontrent même le contraire.
La solution pour investir massivement : s’inspirer des trente glorieuses !
Au sortir de la seconde guerre mondiale et pendant les trente glorieuses (1949-1973), les taux d’intérêts réels ont été maintenus artificiellement en territoire négatifs pour investir et dynamiser l’économie (l’opposé de la rigueur) et l’inflation était en moyenne supérieure à 5%. Le driver de la politique monétaire était la croissance. Pas l’inflation, laquelle n’était qu’une variable d’ajustement.
Or, quels ont été les résultats de cette politique budgétaire et monétaire ?
L’endettement est passé de 160% en 1945 à 20% en 1973. La France disposait de surplus budgétaires en lieu et place des déficits budgétaires actuels. Ceci malgré un niveau d’investissement exceptionnellement élevé. Enfin, sur la période, la France a assisté à un renforcement de la part des revenus des ménages dans la répartition de la valeur ajoutée.
La réforme du pacte de stabilité, une opportunité dont il faut profiter
La BCE, via sa politique monétaire, est la principale décisionnaire de l’avenir économique de l’Europe. Les gouvernements ne font en définitive que réagir à cette politique. Or, l’histoire démontre que la politique de rigueur mise en place depuis les années 80 ne fonctionne pas et aboutit au résultat contraire du résultat escompté.
A ce titre, la stratégie actuelle de la BCE pourrait couter très cher à l’économie Européenne.
En effet, chaque jour ou presque, Christine LAGARDE rappelle sa « détermination à assurer le retour de l’inflation à 2 % à moyen terme ».
Or, cela n’est possible qu’en cassant la croissance à un moment où l’Europe en a pourtant le plus besoin
Comme après-guerre, la BCE devrait au contraire venir en soutien des économies à travers de taux d’intérêts réels négatifs. Ce n’est pas son mandat actuel, mais ce mandat devrait être changé.
La réforme du pacte de stabilité en cours pourrait être une opportunité pour changer en même temps le mandat de la BCE, le « deal » entre Colombes et Faucons pourrait se résumer ainsi : Retour des contraintes (3% de déficit hors investissements, cheminement vers un retour à 60% de taux d’endettement) mais avec une cible d’inflation plus flexible et plus conforme avec les besoins d’investissements et les objectifs de désendettement.
Il faut savoir apprendre de ses erreurs (la rigueur et les politiques budgétaires restrictives) et savoir s’inspirer de ses succès (l’après-guerre).
Maintenant que les taux sont normalisés et l’inflation revenue à un niveau raisonnable et gérable, nous avons une opportunité rare dont il faut profiter. Si la BCE attend d’avoir tué l’inflation avant de changer de politique monétaire, il sera trop tard.
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