Une croissance économique supérieure à 2 ou 3% par an est nécessaire pour permettre à chaque citoyen européen de disposer d’un pouvoir d’achat suffisant pour satisfaire ses besoins individuels et de bénéficier d’un égal accès aux biens communs.
Dans chaque pays et pour chaque catégorie sociale ,les besoins non satisfaits sont considérables et intarissables (le repère étant les conditions de vie des catégories sociales supérieures) ,pour toutes les catégories de biens et de services à usage privé (consommations et investissements des ménages) comme à usage public (dépenses de fonctionnement et d’investissements).
Pour répondre à cette demande potentielle considérable et intarissable il faut créer les conditions permettant la plus forte croissance économique possible à moyen et long termes ,seule à même de revaloriser durablement tous les revenus du travail et de faire bénéficier chaque citoyen d’un égal accès aux biens communs.
Les progrès technologiques ainsi que l’évolution de la population active et de son taux d’emploi potentiel doivent permettre d’atteindre une croissance économique supérieure à 2 où 3 % par an ,qui nécessitera notamment un taux d’emploi élevé de la population active.
Cette croissance est compatible avec la lutte contre le changement climatique et la transition énergétique ,elles-mêmes génératrices potentielles de croissance économique ,étant entendu qu’il faut orienter
– une part croissante de la production vers certaines demandes (ex.lutte contre le changement climatique ,transition énergétique , santé , éducation et formation professionnelle ,sécurité ,recherche et développement)
– une part croissante des revenus vers les revenus du travail.
En présentant le programme de la présidence française de l’Union Européenne ,E.Macron a bien défini trois ambitions ,notamment la mise en oeuvre d’un nouveau modèle européen de croissance ,mais il n’a précisé ni l’objectif (c’est à dire le taux de croissance visé) ,ni les politiques de l’Union Européenne permettant de l’atteindre ,notamment la politique industrielle et la politique commerciale ,étroitement liées entre elles ,et les politiques budgétaire ,monétaire et financière permettant de les accompagner.
Seule une ré-industrialisation massive permettra d’atteindre une forte croissance économique supérieure à 2 ou 3% par an.
Les politiques industrielle et commerciale de l’Union Européenne doivent répondre à trois impératifs
– éviter les pénuries en cas d’entraves à la circulation des marchandises (conflit géopolitique, terrorisme ,pandémies ,catastrophes naturelles ,..) ,grâce à une industrie performante permettant d’assurer la plus large indépendance économique possible de l’Union Européenne
– assurer le plein emploi de la population active
– financer et relancer le dynamisme européen dans les domaines sociaux , environnementaux et sanitaires ,en encadrant la concurrence avec les pays émergents dont les normes sont radicalement différentes dans ces trois domaines.
Pour répondre à ces trois impératifs tant que le plein emploi n’est pas assuré dans tous les pays de l’Union Européenne ,celle-ci doit imposer la production sur son territoire de tout produit qu’elle est en mesure de produire et qui répond aux besoins des ménages ,des entreprises ou des collectivités publiques et privées européennes .
Etant entendu que les entreprises des pays tiers désireuses d’offrir leurs produits sur le marché européen peuvent librement y implanter leurs propres unités de production ou y sous traiter leur production.
Cette règle est beaucoup plus facile à mettre en oeuvre que l’application d’obstacles tarifaires (taxe carbone ,taxe sociale) ou que la fixation de quotas d’importation : l’implantation de Toyota à Valenciennes en 1998 a démontré sa simplicité et son efficacité.
Il en résultera une ré-industrialisation massive et une forte croissance économique de l’Union Européenne.
Outre le retour au plein emploi ,cette ré-industrialisation aura trois conséquences:
– rétablir les conditions d’une concurrence équitable avec les entreprises des pays émergents dont les normes sociales ,environnementales et sanitaires sont radicalement différentes
– permettre de relancer le dynamisme européen dans ces trois domaines ,en particulier de revaloriser les revenus du travail et d’accroître le financement de la protection sociale ,des transitions écologique et énergétique et de la protection sanitaire
– rééquilibrer les balances commerciales des pays européens déficitaires.
En effet ,comme l’écrit Jean Tirole ,«La globalisation met en concurrence, dans les secteurs non protégés ,les salariés des pays à bas salaires et ceux des pays développés ,offrant une chance aux premiers de sortir de la pauvreté ,mais exerçant une pression à la baisse sur les salaires des seconds».Et cette « pression à la baisse » d’une part se répercute sur:
– les salaires et autres revenus du travail dans les secteurs protégés
– les recettes publiques qui dépendent du niveau des revenus,
et d’autre part elle entraîne une augmentation des dépenses publiques en raison du sous-emploi.
Cette ré-industrialisation ne doit pas concerner seulement les technologies d’avenir comme les batteries ,l’hydrogène ,les semi-conducteurs évoquées par E.Macron et les produits dits stratégiques comme la santé ,l’énergie ou la défense ,mais tous les biens de consommation ou d’équipement nécessaires à la vie courante dont l’accès permanent doit être garanti aux ménages ,aux entreprises et aux collectivités publiques et privées.
Cette ré-industrialisation est un impératif pour la France mais aussi pour la majorité des pays de l’Union Européenne qui souffrent des mêmes faiblesses ,à des degrés divers (croissance en berne ,stagnation des salaires et revenus du travail ,désindustrialisation ,taux de chômage élevé ,déficits publics ,déficits commerciaux , investissements publics en berne).
Il appartient à chaque pays de l’Union Européenne de mettre en place sur son territoire un environnement économique et social attractif pour les activités industrielles.
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Certes les règles Européennes ont de l’importance et doivent évoluer. Mais il est prioritaire de se demander pourquoi le taux d’emploi industriel en France est moitié de celui de l’Allemagne avec les mêmes règles Européennes.
Principales causes du décrochage vs les allemands (non exhaustives)
Charges sociales et fiscales pesant sur les entreprises françaises supérieures (+ 6% du pib?) ,traduisant la priorité allemande en faveur d’une politique de l’offre s’appuyant sur un large consensus social (vs une politique de la demande).
Des revenus de remplacement (chômage et RSA) beaucoup plus “généreux” qu’en Allemagne en durées et montants.
Une Education Nationale ,une culture scientifique et technique et des formations professionnelles beaucoup moins bien adaptées aux besoins de l’industrie.